UN AGENT DE CHANGEMENT


Le Théâtre Mic-Mac est «un agent de changement et de développement du milieu culturel». De 1966 à ce jour, il a permis à nombre de comédiens, techniciens, scénographes et autres créateurs dans le domaine d'exercer leur art. Les moyens dont disposait le Mic-Mac étaient souvent modestes mais toujours primait un souci de qualité professionnelle.


SES ORIGINES


La cuvée fondatrice, issue de la troupe de théâtre La Chaumière, regroupe des travailleurs de l'Institut LaChesnaie de Roberval qui, en 1966, décident de s'enrichir d'une formation en théâtre sous la direction de Ghislain Bouchard (La Fabuleuse). Formée de gens de milieux différents, ayant tous en commun le goût de l'aventure théâtrale, la troupe prend le nom de «Mic-Mac», synonyme de cet heureux amalgame. Investi de la mission de diffuseur de théâtre, le Mic-Mac peut se targuer d'avoir réussi au-delà de toute attente : la survie de l'organisme après toutes ces années d'existence sans entracte en témoigne.


SES VISÉES


C'est sous le signe de l'audace que s'est inscrite l'évolution du théâtre Mic-Mac. Les membres de la troupe se font les dents sur «La Perruche et le Poulet» (1967), «Pique-nique en ville» et «Théâtre en 8» (1968-1969).

Puis les gens du Mic-Mac s'orientent vers la présentation de productions de plus grande envergure dont «Les belles-soeurs» de Michel Tremblay (1969) sera le joyau. On permet ainsi au public du Saguenay-Lac-Saint-Jean d'assister aux représentations de cette oeuvre qui fait courir les foules dans les grands centres comme Montréal, Québec et... PARIS.

Les années 70 sont celles d'une production active et incessante. «En pièces détachées» (1971) ; «Le chant du sink» (1973) ; «Manon Lastcall» (1975) ; «Cet animal étrange» (1976) ; «On n'est pas sorti du bois» (1979), pour ne mentionner que ces titres, ont fait les délices des spectateurs d'ici et d'ailleurs. On inscrit même au programme des tournées qui passent par Chibougamau, Dolbeau, St-Félicien, St-Prime et se rendent même jusqu'à La Tuque, Sherbrooke et Québec. De plus, en produisant des pièces de Tremblay, Barbeau, Thériault, le Mic-Mac devient en quelque sorte promoteur des oeuvres québécoises, ce qui orientera dorénavant le choix de ses productions.

DU THÉÂTRE D’ÉTÉ À L’ÉCLECTISME


Désireux de mettre en valeur les ressources et talents régionaux, le Mic-Mac n'hésite pas à recourir aux services de Michel Marc Bouchard pour créer le premier théâtre d'été «Le retour inattendu...» (1984) ; ce qui permet ainsi à la troupe d'affermir sa volonté culturelle et artistique au Saquenay-Lac-Saint-Jean. C'est la première d'une série de cinq pièces présentées en théâtre d'été.

Depuis les débuts, les productions annuelles du théâtre Mic-Mac ont été enrichies par des stages de formation animés par des professionnels. Des ateliers ont également été dispensés par des membres de la troupe à la population du secteur. Que ce soit pour les enfants, adolescents et adultes, ces ateliers se donnaient dans les écoles ou étaient offerts par le Service des loisirs de la Ville de Roberval. Ajoutons à cela les soirées d'animation, les soupers «Meurtres et Mystère», les interventions théâtrales dans différents événements de la communauté et on sera en mesure de comprendre pourquoi le Théâtre Mic-Mac demeure l'un des organismes culturels les plus représentatifs au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Le Mic-Mac caresse également le projet de devenir animateur et diffuseur culturel. On espère pouvoir rejoindre les artistes de toutes les disciplines et leur permettre de faire montre de leur talent.

AU FIL DU TEMPS…


Depuis les débuts, plusieurs comédiens, musiciens, scénographes, metteurs en scène, techniciens et autres ont contribué à écrire l'histoire du Théâtre Mic-Mac. Des milliers de spectateurs ont assisté aux représentations théâtrales. Fait cocasse à souligner, on compte en 50 ans, 20 déménagements. Malgré les contraintes, une situation financière souvent précaire et la préoccupation de la relève, l'ardeur des membres ne s'altère pas.

En 1978, le Mic-Mac représente le Québec au Festival international de théâtre amateur à Sèvres en France, en y présentant «La coupe Stainless» et «Solange» de Jean Barbeau.

La troupe se mérite à trois reprises le prix «Troph'art» : pour l'événement théâtral de la région en 1983 avec «Le retour inattendu de Frank Paradis» ; pour l'événement culturel de l'année en 1984 avec «La visite» et pour son jeu d'interprétation et de scénographie en 1985 dans «Rock pour un faux bourdon».

En 1983, le Mic-Mac reçoit le prix d'organisme bénévole de l'année et en 1986, il remporte le prix «Poisson» du club des médias du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Le 20e anniversaire du Mic-Mac en 1986 est souligné par une représentation spéciale de la pièce «Stand by 5 minutes» à laquelle sont conviés les anciens membres.

Pour assurer le financement de ses productions théâtrales, le Mic-Mac, depuis 1988, met à contribution l'implication de présidents et présidentes d'honneur, la participation de ses bénévoles et la générosité de la population pour faire un succès de sa levée de fonds annuelle. Dans le cadre de cette souscription, la pièce «Les Feluettes» est présentée par le Théâtre Petit à Petit, le 25 novembre 1989.

En 1991, on reçoit le comédien Lionel Villeneuve, originaire de Roberval, et son épouse, la comédienne Hélène Loiselle, invités d'honneur pour les 25 ans du Mic-Mac.

La même année, la municipalité permet au théâtre Mic-Mac d'emménager dans une salle de spectacles de 150 places attenante à des locaux permanents. La troupe a toujours pignon sur rue au 243 av. Ménard.

En 1996, le Mic-Mac fête ses 30 ans d'histoire, en produisant «Suites pour comédiens seuls», un texte de Pierre Patenaude racontant les 30 années du théâtre. Cette pièce fut jouée par 30 comédiens et comédiennes le 30 novembre 1996 sous la présidence d'honneur de Michel Marc Bouchard, auteur originaire de la région du Lac-St-Jean.

En 1998, le Mic-Mac s'associe au Village historique de Val-Jalbert pour la création de tableaux d'animation théâtrale. Ce nouveau défi consiste à réaliser des scénarios au contenu historique allant de l'écriture du texte à la représentation en passant par la formation des comédiens et la mise en scène des tableaux.

D’UNE SCÈNE À L’AUTRE


Le début du millénaire est marqué par le désir de reproduire à nouveau «Les belles-soeurs» de Michel Tremblay. Ce choix est lié au fait que l'Institut international du théâtre honore l'auteur en lui commandant le texte pour la Journée mondiale du théâtre de l'an 2000. La production obtient un grand succès, fracassant même des records d'assistance.

En 2001, le Mic-Mac propose de monter un texte de Marie Laberge dans le cadre des fêtes du centenaire de Val-Jalbert. «Ils étaient venus pour... » raconte l'histoire des habitants de ce petit village industriel du début du siècle marquée par la fermeture de l'usine. Encore un beau défi relevé par les artistes et artisans de la troupe Mic-Mac.

Depuis 2001, le Mic-Mac fait appel aux jeunes artistes du baccalauréat interdisciplinaire en arts de l'UQAC. Que ce soit pour la mise en scène, la conception des éclairages, l'environnement sonore, la conception des costumes, le Mic-Mac tente de donner à ces jeunes professionnels de la région l'opportunité d'exprimer leurs talents artistiques.

En 2002, les gens du Mic-Mac se retrouvent sur «Le chemin des Passes dangereuses», un texte fort troublant et touchant de Michel Marc Bouchard. C'est alors le début de l'aventure avec les créateurs du Saguenay, étudiants de l'UQAC, pour la mise en scène et l'éclairage.

À cette époque, commencent les lectures publiques de textes sélectionnés par le comité de lecture. Ces lectures dirigées et animées permettront de participer à l'événement «Théâtre en Fête» qui se tient au printemps à St-Félicien. Certaines seront présentées tantôt à la biliothèque Georges-Henri-Lévesque lors des Journées de la culture tantôt au Jardin des Ursulines de Roberval.

Et en 2003, découverte d'un style d'écriture nouvelle génération. Frédérick Blanchette, jeune auteur non publié, séduit par son humour dans «Pour faire une histoire courte».

Et on répète l'expérience en 2004, en explorant l'univers d'Évelyne de la Chenelière avec «Au bout du fil». Étrange et merveilleux, spectacle inusité et touchant! La pièce est présentée à l'Auditorium d'Alma dans les cadres des Journées de la culture, en septembre 2004.

C'est aussi l'année de la 50e Traversée internationale du Lac-St-Jean à la nage. Le Mic-Mac sera présent lors de la grande parade de nuit. Un adage dit qu'il y a deux institutions à Roberval : la Traversée et le Mic-Mac.

Le Mic-Mac collabore étroitement aux fêtes du 150e de la Ville de Roberval, célébré tout au long de l'année 2005. Que ce soit pour tenir le rôle de différents personnages, faire la recherche de costumes, écrire des textes ou participer à la préparation de certains événements, plusieurs membres du Mic-Mac s'impliquent, contribuant ainsi au succès de ces fêtes.

Question d'être dans le ton pour le 150e, on renoue avec le passé, en présentant «L'Ile de la demoiselle» d'Anne Hébert, texte inspiré de la vie du Sieur de Roberval. Un bateau d'envergure qui s'est rendu à bon port. Un défi sur le plan technique et artistique.

À l'automne 2005, des personnalités robervaloises disparues revivent sur scène grâce à la magie du théâtre et du concept adapté de l'émission «Les Grands Esprits».

Ces dernières années la collaboration avec la Ville de Roberval et son Service des loisirs nous amène à accueillir dans nos murs des artistes de la relève. Le Cabaret du Mic-Mac, ainsi dénommé, accueille à tour de rôle Pierre Lapointe, Amélie Veille, Karen Young et Pierrot Fournier, pour ne citer que quelques noms.

« 40 ans, sans entracte » ça se fête.en 2006! Un comité s'active à préparer les activités : «Bonbons assortis» de Michel Tremblay est le cadeau idéal pour le printemps, exposition à la bibliothèque de juin à septembre, présentation d'une rétrospective de «Souvenirs heureux» à l'automne et transformation de l'image graphique du Mic-Mac. Le tout couronné en donnant le nom de Salle Lionel-Villeneuve à la salle du Mic-Mac.

En 2007, avec la production «Les Reines» de Normand Chaurette, le Mic-Mac se démarque en remportant deux prix Arlequins lors du premier gala de la Fédération du Théâtre Amateur du Québec : meilleure production et meilleur rôle féminin; en 2008, lors de la 2e édition du gala, le prix de la meilleure scénographie est attribué pour la production «Le rire de la mer» de Pierre-Michel Tremblay.

En 2010, le Mic-Mac prend un risque en créant pour la première fois au Québec le texte de Pascal Chevarie, «La Défonce». Un texte dur et troublant qui dérange et qui fait peur. Les spectateurs se font rares, mais les commentaires sont des plus élogieux. L'audace du Mic-Mac sera récompensée par des propositions de tournée au Québec et en France.

Après avoir célébré dignement ses 50 ans, le Mic-Mac poursuit sa voie et marque, en 2017, le début de l’ère nouvelle, avec la présentation de la pièce Jouliks de Marie-Christine Lê-Huu.

DU THÉÂTRE À CARACTÈRE PROFESSIONNEL


À plusieurs reprises dans son histoire, la troupe robervaloise a produit des pièces avec des distributions imposantes. Ce qui a permis à bien des personnes d'expérimenter l'art de la scène. Le théâtre Mic-Mac est d'abord et avant tout pour les gens du milieu qui veulent y travailler sur ou derrière la scène. Il est professionnel par son souci de produire des spectacles de qualité.

On peut noter à travers l'histoire du Mic-Mac, une constante préoccupation d'être en harmonie avec la réalité culturelle robervaloise, régionale et québécoise.

On fait appel à l'expertise de ses membres pour divers événements dans lesquels s'inscrivent des interventions théâtrales, animations ou représentations. Heureux de partager ses expériences avec le public, le Mic-Mac ne craint pas d'innover et demeure fidèle à sa vocation première : faire du théâtre, le faire voir et le promouvoir.